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Channel: Paroles d'orange bio - air-du-temps
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Clap de fin

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Le philosophe Pangloss le lui avait conseillé : « Va faire un tour en politique, c’est le meilleur des mondes, tout y est pour le mieux car on s’y préoccupe prioritairement du bien commun, de l’intérêt général. » Candide prit donc son baluchon et voyagea jusqu’au pays des Verduriens. Il connut de belles personnes, fit des rencontres intéressantes, apprit une foule de choses, mais s’étonna grandement. Dans le parlement qui réglait le monde politique, les Verduriens suivaient de plus en plus les mots d’ordre des Carminiens, délégués d’un petit pays qui proposait du rêve et des avantages pour une partie réduite des citoyens. « Voyons, pensa Candide, ce n’est certes pas là se préoccuper de l’intérêt général et du bien commun. Je vais m’en aller voir ailleurs ! ».

Il gagna alors le pays des Orangiens dans lequel il apprécia beaucoup le discours de leur président, qui insistait sur le bien commun et voyait dans son pays le trait d’union politique entre les divers partis du parlement régissant le monde politique. Le doute refit son apparition lors de la campagne précédant les élections : sur la place d’un village, d’un côté l’église, de l’autre, le marché. Tous les partis avaient dressé leur stand, avec tente et grande table offrant des objets promotionnaires, devant l’église et en occupait toute la place. Il fallait traverser la route pour se rendre au marché et rencontrer des citoyens lambdas. Candide s’y trouvait, distribuant le traditionnel flyer aux chalands, lorsqu’il se tourna vers l’autre côté. Devant l’église, beaucoup de monde, mais uniquement des politiciens, très affairés à discuter entre eux, à plaisanter, à s’échanger les objets promotionnels, occupant toute la place et déviant le trafic piétonnier de l’autre côté de la rue. « Voyons, pensa Candide, ce n’est certainement pas la bonne façon d’aller à la rencontre des gens, de parler avec eux de leurs aspirations et de l’intérêt général ! »

Arrivèrent les élections. Et l’heure du règlement des comptes entre Orangiens des villes et Orangiens des champs ! Les crayons aussi affûtés que des dagues florentines , chaque partie s’en donna à cœur joie, notamment envers les deux Orangiens qui n’avaient qu’un seul tort, celui d’habiter hors des frontières du pays. Laissé pour politiquement mort, Candide pensa : « Voyons, ce n’est certes pas le pays du trait d’union et du bien commun lorsque ses habitants se révèlent aussi profondément opposés les uns aux autres ! Décidément, Pangloss continue de radoter… ».

Et il s’en retourna cultiver son jardin. C’est la fin de ses aventures politiques, merci à celles et à ceux qui les ont lues!

P.S. Je reste persuadé que notre système démocratique est bon, peut-être le meilleur. J’insiste toutefois sur la tendance générale à l’entre soi politique, à la place grandissante que prennent les jeux d’ego et de stratégie qui mènent à une inexorable désaffection de la population face à la politique (cf. les taux de participation) et nous éloignent d’autant de l’intérêt général et du bien commun.


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